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Francois MORELLET

Trop plein n°1, 2013

170 x 265 cm (2 panneaux 100 x 100 cm)

Tubes d’argon bleu, acrylique sur toile sur bois.

Un coup de cœur pour cette pièce d’un grand artiste français précurseur du minimalisme et considéré comme un acteur majeur de l’abstraction géométrique (bien avant certains américains plus reconnus sur le marché de l’art), disparu en mai 2016. Depuis sa grande rétrospective à Beaubourg en 2011, chaque fois que l’on voyait une de ces pièces en foire, nous hésitions à franchir le pas. Celle–ci nous a décidé par sa pureté, sa lumière, son dépouillement et cerise sur le gâteau : l’humour de son titre. CVF

Deux carrés blancs, motif majeur de l’abstraction géométrique, sont accolés de manière qu’un coin de l’un touche un coin de l’autre. Un néon bleu pâle et fin traverse le premier tout droit de part en part d’un angle à celui qui lui fait face, et file sur le deuxième de même mais en un quart de cercle. L’arrivée du néon dans l’histoire de l’art n’étant pas non plus une mince affaire. Morrelet a pour but de se jouer de notre perception sur la base d’un agencement rigoureux dont la proposition est a priori sans rebondissement. Tel l’ingénieur qu’il était, François Morrelet jette un postulat de la faisabilité du résultat plastique énonçant au préalable les formes, les courbes, les imbrications et les répétitions des différents éléments prévus et ne s’en départ pas ensuite. Advienne que pourra. Au premier abord, la minutie de l’installation, la propreté plastique nous tient à distance et génère la surprise de constater que c’est dans ce formalisme que va naitre la liberté du regard, de celui qui s’autonomise et qui s’impose à son intellectuel. Les carrés n’étant plus véritablement carrés, les blancs plus vraiment blancs. Nous vivons la situation de clients d’une terrasse de café devant laquelle un accrochage entre deux voitures se produit. Etrangement, personne n‘aura vu la même chose. JPF