Sans titre, 2009
Suspendue à une branche d’un arbre du parc, l’œuvre d’Anita Molinero se compose d’un ensemble fait d’un pneu de tracteur enserrant et transpercé de poubelles urbaine d’un jaune vif déformées par la brûlure maniée par l’artiste. Yohann Gourmel : Depuis plus de trente ans, Anita Molinero explore les fondamentaux de la sculpture : le plein et le vide, la matière et le volume, le poids et la masse, en privilégiant l’énergie irréversible du geste et de l’improvisation. Les objets tirés du quotidien et les matériaux hétéroclites qu’elle récupère (poubelles et mobilier urbain en plastique et en résine, polystyrène, mousses synthétiques, jouets, éléments de voitures, emballages, rebuts divers…) sont travaillés au lance-flamme pour générer des formes variées et proliférantes. Carbonisations et ondulations, béances et boursouflures, effets de cristallisation et de floraison apparaissent ainsi sur les surfaces criardes de ces matériaux ordinaires dans un équilibre tendu entre forme et informe, entre résistance de la matière et expressivité du geste. La transformation de ces matériaux issus du monde industriel nous plonge dans un univers comparable à celui des films de science-fiction que l’artiste apprécie, non pas tant pour leurs scénarios catastrophes que pour leurs décors et leurs effets spéciaux. Elle parle ainsi de « formes-fictions » pour désigner ses œuvres mutantes, qui n’offrent toutefois pas plus de résolution narrative qu’elles n’illustrent de commentaires sociaux ou politiques sur la surconsommation ou l’écologie. De fait, c’est bien par l’exhibition de leur état précaire, par leur inventivité formelle, par leur violence parfois obscène, comme par leur humour jubilatoire qu’elles s’imposent comme témoins des tumultes du monde contemporain.